Moi, fou? [PV Alice]

Messages : 14 Date d'inscription : 22/02/2015 Points : 60

Alice & Jack

« Moi, fou? »

Jack ouvrit la porte. Mais qu'est-ce que c'était que cet endroit? Grand, très spacieux même, avec une place dédiée à... la musique? Enfin, ça ressemblait un peu à ça à Tortuga, seulement en moins... grand. Un instant... Cet endroit pouvait-il? Jack fronça les sourcils. Pourquoi fallait-il une salle pour danser? C'était stupide. Il suffisait d'aller sur le pont, et voilà. C'était que les aristocrates prétentieux qui dansaient dans une salle comme celle-là -sans vouloir offenser Elizabeth-. Il fit quelques pas à l'intérieur, qui résonnèrent fortement. Oui, sans aucun doute cet endroit était fait pour la danse et la musique.

La musique... Une douce mélodie parvint à ses oreilles, une mélodie qu'il aurait préféré oublier. mais qui resterait toujours gravée quelque part, malheureusement. Jack déposa son chapeau sur le sol. Il ferma les yeux un instant, un sourire éphémère se dessinant sur ses lèvres.

« Angelica. »

Bon. Il fallait dire que le pirate ne savait ABSOLUMENT pas danser. Mais il se lança tout de même, quelques pas à gauche, quelques pas à droit, comme si elle avait été là. Seulement il se força pour la chasser de son esprit, et remplaça la mélodie par la musique qui inondait les tavernes de Tortuga. Il se mit à exécuter des pas de danse complètement ridicules, comme il avait vu Gibbs faire un soir où il avait abusé de l'alcool.

Puis il s'arrêta, un peu étourdit, pour s'asseoir un peu brutalement par terre. Il reprit son chapeau et le remit sur sa tête, inspirant un bon coup. Puis il fronça les sourcils. C'était des pas, ce qu'il venait d'entendre? Ou des applaudissements? Il n'aurait su dire, mais il sut toutefois qu'il n'était pas seul, finalement.

Il tourna la tête vers la porte, pour apercevoir une jeune fille. Un peu gêné d'avoir été ainsi surpris par une demoiselle, il se leva d'un bond.

La saluant de son chapeau d'une manière peut être un peu exagérée, il lui sourit.

« Pardonnez-moi, mais il me semblait être seul ici... hors je vois bien que ce n'est pas le cas.»

Remettant son chapeau, il se murmura à lui-même:

« Et moi qui ne sait pas danser tout seul. »

Phantasmagøria

« Il y a toujours du bon dans la folie humaine. »

Explorer était une seconde nature chez la jeune Kingsleigh. Ainsi n'était-il pas étonnant de la voir flâner de-ci, de-là, sur ce grand navire qu'elle n'avait pas encore tout à fait fini de découvrir. Il était immense ; et il fallait bien l'avouer, il y avait nombre de pièces – surtout leur utilité, à vrai dire – qui restaient un total mystère aux yeux de l'anglaise. Et les mystères, se disait-elle, étaient naturellement fais pour être résolus, c'était une évidence. Ainsi, elle s'était mis en tête de découvrir entièrement le bateau. De le découvrir pièce par pièce et de comprendre l'intérêt de chacune d'entre elles, sans la moindre exception. Pourtant, ce jour-là, alors que sa cheville blessée quelques temps plus tôt – sans que cela ne soit dramatique – lui faisait toujours légèrement mal, de façon tout à fait supportable, Alice se laissa tenter par l'idée de se rendre dans la salle de danse qu'elle avait déjà repérée lors de ses premières explorations du navire. Elle aimait danser ; tant qu'on ne la forçait pas à exécuter un ennuyeux quadrille sans le moindre intérêt.

Ainsi, il ne lui fallut pas longtemps pour arriver jusqu'à la pièce voulue. Elle considéra un moment la porte, se demandant de quelle façon il convenait le mieux de l'ouvrir et, finissant par hausser les épaules, elle la poussa le plus simplement du monde. Instantanément, son regard fut attiré par le drôle de petit spectacle qu'elle surprenait dans cette pièce. Et, la seconde d'après un grand et radieux sourire amusé venait éclairer son visage. Ah ! Si elle s'était attendue à ça ! Un homme, seul, dansait au rythme d'une musique qu'il semblait le seul à entendre, vêtu d'une façon tout à fait curieuse qui ne manqua pas d'interpeller Alice. Il gigotait et se dépensait en semblant ignorer totalement le reste du monde et, pensa la jeune femme, tous ces pas improbables lui rappelaient curieusement la giguendélire dont le Chapelier seul avait le secret. Cette pensée ne fit que l'amuser d'autant plus, et sans faire le moindre bruit pour mieux pouvoir profiter de ce qu'elle voyait, elle resta bien droite et toute concentrée sur la scène. Et, lorsque enfin il s'arrêta, Alice fut tout bonnement incapable de s'empêcher d'applaudir.

L'homme, qui avait terminé sa danse en s'écroulant disgracieusement sur le sol, se releva d'un bond et le Champion du Pays des Merveilles éclata d'un grand rire franc, qui ne se calma pas à la réflexion de l'inconnu. « Voilà bien une observation pertinente ! » ria la jeune femme. Elle le salua poliment, essayant de calmer son hilarité en s'inclinant légèrement, mais un fin sourire amusé restait accroché à son visage. Ce dernier s'agrandit lorsqu'elle l'entendit se parler à lui-même. Il lui arrivait également de se parler à elle-même ; elle se trouvait souvent de bons conseils. Mais là n'était pas la question. S'approchant de quelques pas, la demoiselle se sentit obligée d'ouvrir la bouche ; « J'ai trouvé votre danse tout à fait charmante, si cela peut vous rassurer. » Et comment aurait-il pu en être autrement ? Elle se rapprocha encore, jusqu'à arriver à hauteur du pirate – bien qu'elle ignorait qu'il soit pirate à cet instant. « Je ne connais pas cette danse. Quel est son nom ? » Alice restant Alice, il était tout à fait naturel pour elle de poser une telle question.

Visiblement très intéressée par cet interlocuteur curieux, la jeune femme fini par lui tendre la main, l'encourageant à la prendre d'un sourire. « Il me semble que la meilleure façon de découvrir quelque chose est de se laisser tenter. Pouvez-vous me chanter la chanson qui vous fait danser comme vous le faites ? Et me faire danser, en m'apprenant vos pas ? Je serai ravie de partager un moment comme celui-ci avec vous. » Elle était on-ne-peut-plus sérieuse et sincère. Si ce n'était pour danser, après tout, qu'avait-elle à faire ici ?

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Alice & Jack

« Moi, fou? »

Elle se mit à rire. Mais Jack fut très surpris: ce n'était pas du tout un rire mesquin, moqueur. C'était quelque chose de beaucoup plus enfantin et sincère. Même que c'était doux.

« Voilà bien une observation pertinente ! »

Puis elle s'inclina légèrement, comme pour le saluer, toujours en souriant. Ensuite la jeune fille s'approcha un peu.

« J'ai trouvé votre danse tout à fait charmante, si cela peut vous rassurer. »

Ah oui? Vraiment? Pourtant, Jack était un piètre danseur, s'il n'était pas accompagné. La jeune fille fit encore quelques pas de plus, demandant au pirate le nom de la danse qu'il venait d'exécuter. Le nom de sa danse? Mais elle n'avait pas de nom.... Vite, il fallait trouver quelque chose... La valse du pirate? Non, c'était nul. La danse du rhum? Encore pire. Mais Jack n'eut pas le temps de trouver un nom pour les pas ridicules dont il venait de faire, bien malgré lui, la démonstration. Son interlocutrice lui tendit la main avec un sourire, avant de prendre la parole.

« Il me semble que la meilleure façon de découvrir quelque chose est de se laisser tenter. Pouvez-vous me chanter la chanson qui vous fait danser comme vous le faites ? Et me faire danser, en m'apprenant vos pas ? Je serai ravie de partager un moment comme celui-ci avec vous. »

Fronçant les sourcils sur le coup, le capitaine offrit à la jeune fille un sourire. Elle lui faisait un peu penser à Elizabeth, en beaucoup moins rebelle, il fallait toutefois l'avouer. Puis, se défaisant à nouveau de son chapeau pour l'envoyer valser par terre, il prit délicatement la main qu'elle lui tendait, toujours en souriant.

« Eh bien ma chère, vous me prenez au dépourvu, mais je veux bien me laisser tenter, j'espère que vous n'avez pas peur du ridicule. Cependant je crains que ma danse ne soit en fait deux danses, et si ça ne vous gênes pas, nous commencerons par la première. »

Et ainsi il leva le bras pour faire tourner la jeune fille, en fredonnant l'air sur lequel il avait dansé avec Angelica, un air qui tenait un peu de ces danses espagnoles et de ces danses latines, qui ressemblait un peu à un tango. Il se força toutefois à rester dans l'immédiat, et à ne pas penser trop à Angelica. Aussi il changea rapidement de chanson, passant maintenant à l'air que jouaient les violons de Tortuga, un rythme endiablé mais très joyeux, et se mit à faire n'importe quoi, comme il l'avait fait plus tôt.

Après un moment, il voulut avoir l'air drôle, et glissa son bras plié dans celui de la jeune fille, tournant dans un sens puis dans l'autre, puis il s'éloigna de quelques pas et fit une révérence, en faisant semblant de tirer son chapeau.

« Ma danse n'a par contre aucun nom, je crois qu'il faudra l'appeler la danse du capitaine Jack. »

Puis à nouveau pour lui-même, il ajouta:

« Oui, ça sonne bien. La danse du capitaine Jack. »

Phantasmagøria

« Il y a toujours du bon dans la folie humaine. »

Le nom de la danse n'avait probablement pas vraiment d'importance, puisqu'Alice passa rapidement à autre chose. En réalité, elle avait plus demandé par curiosité, sans que cela ne soit vraiment une question très pertinente. Ainsi, ce n'était pas si grave que ça que l'homme qu'elle avait sous les yeux n'ai pas eu le temps de lui répondre. Déjà, elle était partie dans une autre direction – elle faisait cela souvent – sans pour autant oublier la danse. Elle voulait essayer. Oui, voilà. C'était ceci qui avait de l'importance ; essayer. Et elle était curieuse de voir si elle pouvait être capable de suivre les pas du pirate. Rien n'était impossible, après tout. Elle y arriverait sûrement, s'il la guidait suffisamment. Elle fut amusée par le froncement de sourcil suivi d'un sourire de son interlocuteur. Et elle fut ravie de le voir jeter son chapeau au sol, avant qu'il ne lui attrape la main. « Je ne crains pas le ridicule ; je l'affectionne parait-il. » plaisanta la demoiselle, en réponse à ce qu'il venait de lui dire, tout en restant bien curieuse quant au fait qu'il s'agissait non pas d'une, mais de deux danses. Et, ravie, elle se laissa entraîner dans la première, fermant les yeux pour mieux ressentir le fredonnement de Jack. Ce rythme lui plaisait. Elle n'avait jamais rien entendu de tel, mais elle se laissa prendre au jeu, rouvrant de temps à autre les yeux pour mieux suivre les pas de son partenaire de danse.

La seconde danse fit rire Alice, comme une enfant. Ce n'était plus du tout la même chose. C'était plus joyeux, plus festif et elle ne pouvait que rire tout en comprenant très vite le principe de la danse. Ainsi se laissa-t-elle aller à accompagner la chanson de Jack en tapant en rythme dans ses mains, tout en dansant d'une façon tout à fait ridicule, elle aussi. Son rire se fit d'autant plus amusé lorsqu'il lui prit le bras pour la faire tourner, et elle se mit à suivre la cadence imposée, ignorant royalement les élancements dans sa cheville. Qu'importe la douleur, elle s'amusait follement ! Elle répondit à sa révérence, toujours autant amusée, et fini par se décider à aller s'asseoir pour reprendre son souffle et pour reposer sa cheville. Elle releva son regard sur Jack lorsque celui-ci prit la parole pour lui confier que cette danse n'avait pas de nom. La danse du Capitaine Jack. Voilà qui sonnait bien, mais elle n'eut pas à le confirmer ; il le faisait pour eux. « Vous êtes donc Capitaine ? » s'empressa-t-elle de demander. Oui, à bien y regarder... Il avait tout l'air d'un marin. Peut-être même d'un pirate. Elle avait croisé des pirates, en voyageant sur les mers pour faire du commerce... Mais jamais aucun d'eux ne lui avait inspiré autant de sympathie que ce Capitaine Jack !

« Vous me rappelez un très vieil et très cher ami, Capitaine. Je crois pouvoir dire que je suis contente d'avoir eu l'idée de venir dans cette pièce. Vous êtes... surprenant ! » Et Alice ne pouvait pas nier qu'elle avait une affection toute particulière pour les gens surprenants. D'autant plus lorsque ceux-ci lui rappelaient le Chapelier. « Mais quelle sotte. Je suis Alice. Et je suis enchantée de faire votre connaissance. » Elle était d'une humeur merveilleuse, à cet instant très précis. Aucun tracas, aucun embarras, aucune raison de ne pas être joyeuse et de ne pas se laisser aller à sa curiosité naturelle... Alice pouvait simplement être Alice. C'était d'ailleurs une sensation fort plaisante.

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Alice & Jack

« Moi, fou? »

Décidément, elle ne ressemblait pas tant à Elizabeth; non, elle riait beaucoup plus. Et décidément, son rire faisait beaucoup de bien à Jack. Lorsqu'ils eurent terminé la danse, la jeune fille prit place sur le sol. Jack, un peu étourdit, alla donc chercher son chapeau, en titubant légèrement. Il s'en saisit et se laissa tomber près de la jeune fille, en basculant un peu vers l'arrière sur le coup.

« Vous êtes donc Capitaine ? »

Jack acquiesça légèrement, mais la jeune fille avait déjà recommencé à parler. Au moins, elle ne faisait pas la rabat-joie, elle.

« Vous me rappelez un très vieil et très cher ami, Capitaine. Je crois pouvoir dire que je suis contente d'avoir eu l'idée de venir dans cette pièce. Vous êtes... surprenant ! »

Un très vieil et très cher ami? Ah oui, quelqu'un lui ressemblait? Il devait être très beau. Mais sûrement pas autant que lui. Est-ce qu'il avait les mêmes mimiques? Serait-il seulement possible que quelqu'un ait les mêmes mimiques que le Capitaine Jack Sparrow? Non, sûrement pas... Surprenant? Venant d'une jeune fille qui riait beaucoup, Sparrow comprit qu'il s'agissait d'un compliment, et aussi offrit un sourire en guise de remerciement.

Puis elle se présenta. Alice. C'était un joli prénom. Mais pas aussi joli que Angelica. Enfin. Elle était enchantée de faire sa connaissance. Ça faisait drôlement du bien d'entendre ça, c'était la deuxième personne qu'il rencontrait qui, pour une fois, ne voulait pas sa peau. Ou son compas. Ou sa Perle. Ou pire, son rhum.

« Enchanté, Alice. Je suis Jack Sparrow, et comme vous l'avez souligné après que je l'aie mentionné il y a à peine quelques minutes, je suis capitaine d'un navire pirate. »

Puis il s'inclina un peu vers Alice, sans toutefois s'approcher de trop près, et ajouta:

« Je suis le Capitaine de la Perle Noire. C'est le plus beau et le plus rapide de tous. Il est noir, et même ses voiles sont noires, et il bat de vitesse tous les navires de l'Océan. »

En parlant, il regarda vers l'horizon en le définissant d'un geste ample de la main, lorsqu'il affirma que son navire battait tous les autres. Puis il reporta son regard sur Alice.

« Dites-moi, est-ce que vous croyez aux histoires extraordinaires? »

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« Il y a toujours du bon dans la folie humaine. »

« Surprenant » était en effet un compliment, dans la bouche d'Alice. Oh, tout dépendait du moment, probablement. Mais elle aimait les choses surprenantes. Elle aimait les personnes qui n'étaient pas comme tout le monde, qui avaient leur propre petit univers intérieur. Ceux qu'il était parfois impossible de suivre. Jack lui inspirait cela. Il y avait une certaine folie qui émanait de cet homme, de son sourire. Et c'était probablement une des choses les plus agréables que la jeune Alice pouvait vivre. Un sourire pour un sourire, Alice répondit à celui du Capitaine. Comment aurait-elle pu ne pas le faire, alors qu'elle riait et souriait depuis qu'elle avait mis le pied dans cette salle ? Il fini lui-même par se présenter. Et la jeune femme l'écouta, réellement, notant les détails dans un coin de son esprit. Jack Sparrow. Elle n'avait, de sa vie, jamais entendu ce nom. Et il était Capitaine. D'un navire pirate. Voilà qui était intéressant à savoir ! Elle se surprit à se demander ce qu'était un pirate. Un véritable pirate. Bien entendu, elle savait ce qu'étaient les pirates, mais elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'ils étaient réellement. Et cette question tourna dans sa petite tête. Elle en était d'ailleurs à rouvrir la bouche pour poser la question, lorsque la voix de Jack l'arrêta net. En réalité, il avait sûrement repris la parole depuis quelques secondes car, lorsque les oreilles d'Alice acceptèrent enfin d'écouter ce que la bouche de Jack était en train de dire, elle entendit « … rapide de tous. » Quant à savoir ce qui s'était dit avant, elle n'en avait pas la moindre petite idée.

Néanmoins, elle comprit l'essentiel, et s'amusa de l'amour que Sparrow pouvait bien avoir pour ce navire si rapide. Elle suivit des yeux le geste qu'il fit, lâchant un léger rire, avant de planter son regard dans celui de son interlocuteur lorsque ce dernier lui posa une question... étonnante. Si elle croyait aux histoires extraordinaires ? Elle se redressa, légèrement, pour se tenir bien droite et acquiesça très fermement d'un signe de tête. « Si j'y crois ? J'ai découvert, lorsque j'étais enfant, un monde fabuleux que j'ai nommé le "Pays des Merveilles". Croyez-moi, Capitaine, les histoires extraordinaires sont tout à fait ma tasse de thé. » Elle fixa son regard, par la suite, sur le chapeau de Sparrow. Il était moins beau que le chapeau du Chapelier. Mais personne ne pouvait avoir de plus beau chapeau que le Chapelier lui-même. Elle songea d'ailleurs au fait que ce dernier ne lui avait jamais confectionné le moindre chapeau. Lui qui avait coiffé la tête de la Reine Blanche, puis par dépit celle de la Reine Rouge ne lui avait pas fait le moindre couvre-chef. Oh, elle ne lui en tenait pas rigueur. Ils n'avaient pas vraiment eu le temps pour ce genre d'affaire. Mais elle aurait voulu qu'il lui fasse un joli chapeau. Un chapeau bleu. Secouant légèrement la tête, comme pour revenir au moment présent, Alice se força à baisser son regard pour le remettre sur le visage du pirate.

« Racontez-moi votre histoire extraordinaire, Capitaine. Je suis curieuse de l'entendre. » Elle avait parlé d'une voix très douce. Car ce n'était pas un ordre. C'était une demande. « Peut-être pourrais-je vous raconter la mienne, ensuite. Si celle-ci vous intéresse. » Alice aimait les échanges. Surtout lorsque cela lui permettait de pouvoir passer un certain nombre de minutes avec une personne qui l'amusait.

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Alice & Jack

« Moi, fou? »

« Si j'y crois ? J'ai découvert, lorsque j'étais enfant, un monde fabuleux que j'ai nommé le "Pays des Merveilles". Croyez-moi, Capitaine, les histoires extraordinaires sont tout à fait ma tasse de thé. »

Qu'avait-il entendu? Une personne qui croyait aux histoires extraordinaires? Ça, c'était rare comme une bouteille de rhum pleine sur la Perle Noire. Enfin, quelqu'un qui ne lui dirait pas qu'il racontait des sottises! Après tout, les gens pensent toujours qu'il ment, et après ils sont surpris d'apprendre que le pirate disait vrai! À la longue, ça pesait lourd sur l'estime.

Puis elle lui demanda de raconter son histoire. Ça aussi, c'était rare, quoiqu'un peu moins. Mais tout de même assez pour que ce soit digne de mention. Puis Alice ajouta qu'elle pourrait lui raconter la sienne ensuite. Le capitaine sourit à la jeune fille, c'était sa manière de lui dire qu'il lui ferait un plaisir de l'entendre.

Prenant un air sérieux, et quasiment dramatique, le pirate se retourna pour être assis face à la jeune fille. Son chapeau sur la tête, il commença à raconter son histoire.

« Il y a de cela très longtemps, je travaillais comme corsaire pour la Compagnie des Indes orientales. J'avais un navire rapide et des hommes fidèles, et je croyais que je travaillais en tant qu'homme libre et pour la bonne cause. Mais rien dans toute ma vie n'a jamais été plus faux que ce que je croyais alors, ma chère. Voyez-vous, il me fut un jour confié une mission fort importante, une livraison que je devais effectuer. Mais la curiosité est parfois une seconde nature, et je n'ai pas pu résister à l'envie de jeter un œil sur la cargaison. Et ce que je transportais sur mon navire me révolta au plus haut point: c'étaient des esclaves. Comment un corsaire pouvait-il faire du trafic d'esclaves? Je les ai libérés sur une île, plutôt que d'effectuer ma mission. Mais hélas! en ce monde nos supérieurs savent toujours tout... On fit brûler et couler mon navire, et moi avec lui. »

Soulevant l'une de ses manches, le capitaine montra à Alice le « P » qui avait été gravé sur son bras au fer rouge.

« Normalement, je serais mort. Mais voyez-vous, en sombrant dans les profondeurs de l'océan, une opportunité s'est offerte à moi, connue sous le nom de Davy Jones. Il était le capitaine du Hollandais volant et était supposé s'occuper du passage des âmes de tous ceux morts en mer... Il m'a proposé un pacte, que j'ai tout de suite accepté. Il m'a sauvé de la mort, avec mon navire, faisant de moi pendant treize ans le capitaine du navire le plus rapide de tous les temps: la Perle Noire. Malheureusement, toutes bonnes histoires ont une fin... J'ai tout de même réussi à m'acquitter de ma dette sans me retrouver esclave sur le navire de Jones, avec une tête de poisson pourri au lieu de mon vrai visage... »

Au souvenir du tentaculaire Davy Jones, Jack eut un frisson de dégoût.

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